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Presse – “Œcuménisme” Républicain !

Chrétiens, juifs et musulmans pour la première fois ensemble à l’Élysée

Jacques Chirac a fait valoir que la future loi sur la laïcité permettra de tarir “les sources de tension”.

Jacques Chirac a présenté hier ses vœux aux représentants des différentes religions. Pour la première fois cette année, l’islam de France était représenté, conséquence de la création en avril dernier du Conseil français du culte musulman (CFCM). Son président, Dalil Boubakeur, s’est réjoui de “ce moment historique, où pour la première fois le culte musulman, enfin reconnu, a été accueilli au même titre que les autres religions”. Le pasteur Jean-Arnold de Clermont président de la Fédération protestante de France, le cardinal archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger, et le grand rabbin Joseph Sitruk représentaient les autres religions.

Les années précédentes, en l’absence d’autorité légale, le recteur de la Mosquée de Paris était reçu en compagnie de personnalités musulmanes, lors d’un entretien privé avec le chef de l’État. “C’est l’an I de l’“islam de France”, a ajouté Dalil Boubakeur. Un symbole d’autant plus important, selon lui, que les musulmans se sentent “stigmatisés” par la loi sur la laïcité en préparation.

Dans son allocution, Jacques Chirac a, tout à l’inverse, fait valoir les vertus apaisantes de la loi, estimant qu’elle tarirait “les sources de tensions” et permettrait de contrer les dérives vers le communautarisme “que la France rejette”.

“Il ne s’agit aujourd’hui ni de refonder ni de modifier les frontières de la laïcité. Il s’agit simplement pour la France de rester fidèle aux équilibres qui se sont établis au fil des décennies et de réaffirmer, dans le respect, mais aussi avec fermeté, un principe et des usages anciens, dans notre pays”, a déclaré le président.

Il est apparu hier que le principe d’une loi parait désormais à peu près accepté par les autorités chrétiennes et juives. “Tout restera à faire néanmoins, affirmait hier soir Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France. Les musulmans expriment une suggestion positive en proposant le bandana au lieu du voile à l’école.” Un compromis digne, selon le pasteur. Pour le grand rabbin Sitruk, le modèle laïque français de coexistence entre les religions est “moderne et exportable”.

Les paroles d’apaisement du chef de l’État devraient également trouver en Dalil Boubakeur un fidèle messager. Car, du sein du CFCM, le recteur incarne la tendance libérale de l’islam, favorable à une modernisation du rapport homme-femme et opposé à la politisation de la religion.

Sur la question du voile, le président du CFCM est certes contre la loi, mais il entend faire entendre la voix des musulmans sereinement. Jacques Chirac l’a d’ailleurs encouragé à rencontrer des parlementaires pour faire valoir son point de vue. Une démarche déjà entamée par Dalil Boubakeur. Dans une circulaire envoyés lundi soir, le président du CFCM demandait aux représentants des conseils régionaux du culte musulman (CRCM) de ne pas participer, à ce titre, aux manifestations prévues prochainement pour protester contre la future loi. En revanche, il leur recommandait de mener des interventions auprès des parlementaires ; “Il ne faut pas croire que tout est déjà joué. Bien au contraire, si notre action auprès des parlementaires est conduite avec méthode et détermination, nous pouvons aboutir à ce que la loi s’inscrive au plus près de la jurisprudence du Conseil d’État”, affirme-t-il.

Enfin, il suggère aux présidents des CRCM d’aborder, dans leurs entretiens avec les parlementaires, d’autres sujets, comme la construction de mosquées, les carrés musulmans ou encore la discrimination. Une façon de sortir de l’impasse, alors que les jeunes instances du culte, focalisées sur la question du voile, vivent l’imminence d’une loi comme un échec mettant en péril l’unité du tout jeune CFCM.

Le Figaro, 7 janvier 2004

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Le président réaffirme son “attachement” à la loi de 1905

Lors des vœux aux autorités religieuses

Recevant, hier, le cardinal-archevêque de Paris, Mgr Jean-Marie Lustiger, le grand rabbin de France Joseph Sitruk, le président de la Fédération protestante de France Jean-Arnold de Clermont et, pour la deuxième fois depuis la création du Conseil français du culte musulman, son président Dalil Boubakeur, Jacques Chirac a réaffirmé, hier, son “attachement” à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État qui est, selon lui, “au cœur du pacte républicain”.

Au moment où la France doit commémorer le centenaire de cette loi, le chef de l’État – qui a souhaité “que l’année qui s’ouvre permette des progrès décisifs pour assurer, sur le sol national, une formation des imams” – a souligné qu’“à ses yeux, ce texte ne fait pas obstacle à ce que soient trouvées des solutions aux problèmes auxquels peuvent être confrontés les cultes aujourd’hui, en particulier le culte musulman”.

Ce rappel intervient alors que Nicolas Sarkozy a récemment proposé de modifier la loi de 1905 afin que l’État puisse financer la construction de mosquées. La proposition du président de l’UMP, formulée à la fin de l’année dernière, avait provoqué un tollé, y compris au sein de l’UMP. Elle avait aussi été fermement condamnée par l’exécutif. À Marseille, le 14 novembre dernier, le président de la République avait ainsi déclaré qu’il n’était “pas favorable à la remise en cause” de cette loi, qualifiée par lui de “pilier du temple”, tandis que quasi simultanément, Jean-Pierre Raffarin avait dénoncé à Saint-Étienne – et sans citer le nom de Nicolas Sarkozy – “les apprentis sorciers” qui “pourraient, en revenant sur la loi de 1905, déséquilibrer ce qu’est aujourd’hui l’organisation même de notre République”.

À leur sortie de l’Élysée, le rabbin Sitruk et le recteur Boubakeur ont exprimé à leur tour leur accord sur la nécessité de ne pas “toucher à l’essentiel” de la loi de 1905. “Pour les musulmans, la loi laïque est une loi fondatrice, fondamentale”, a dit Dalil Boubakeur. “Elle est le socle sur lequel on peut construire la liberté de conscience, les libertés individuelles et les meilleures relations entre les communautés religieuses de France”, a-t-il ajouté.

La loi de 1905, “malgré un siècle qui a été très houleux, compliqué mais passionnant, constitue le cadre nécessaire”, car “la tolérance mutuelle est la clé de la République”, a renchéri Joseph Sitruk. “La France est un exemple dans le monde dans ce domaine. Il ne faut surtout pas y toucher. Ça marche”, a conclu le grand rabbin de France.

Le président de la République s’est par ailleurs “réjoui” que la loi sur les signes religieux à l’école “ait pu se mettre en place dans un esprit de dialogue et de responsabilité”, rappelant que ce texte n’était “aucunement tourné contre les religions”, a indiqué l’Élysée.

Il a enfin “redit sa détermination et celle du gouvernement de s’opposer à toutes les manifestations d’intolérance et de rejet de l’autre”, alors que des actes antisémites et à caractère raciste se sont récemment multipliés.

Le Figaro, 5 janvier 2005

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Pour l’Église, la législation “est tout à fait satisfaisante”

Les laïques mettent en garde contre toute réforme
qui toucherait “le cœur du réacteur républicain”

• L’Église catholique. Le cardinal Lustiger est formel : on ne touche pas à 1905. À ceux qui l’interrogent sur le sujet, l’archevêque de Paris confie volontiers qu’il n’a pas l’intention de rouvrir la guerre des deux France. Même le thème de la “nouvelle laïcité”, plus ouverte aux religions, n’est plus de mise. Le discours officiel de la Conférence des évêques de France est que la loi de séparation des Églises et de l’État est “tout à fait satisfaisante”. L’Église catholique adhère d’autant plus volontiers à la laïcité qu’elle a signé à Matignon, le 12 février 2002, un accord mettant en place une instance permanente de dialoguer avec les pouvoirs publics.

Du côté de la secrétairerie d’État, qui est le gouvernement du Vatican, la position est sensiblement la même. Dans un discours prononcé le 12 novembre 2001 devant l’Académie des sciences morales et politiques, Mgr Jean-Louis Tauran, secrétaire pour les relations avec les États, précisait : “On peut légitimement estimer que les principes généraux énoncés dans les deux premiers articles de la loi de 1905 n’offrent plus, en tant que tels, de difficultés pour l’Église. Au contraire, ils offrent un cadre dans lequel cette dernière reconnaît pouvoir accomplir sa mission.” Tout au plus, Mgr Tauran concédait-il que “certains concepts utilisés pour la mise en application de cette loi accusent parfois leur âge”.

• Les protestants favorables à un “toilettage”. Par un étrange renversement de tendance, les seuls représentants religieux à se prononcer ouvertement pour une “révision” ou un “toilettage” de la loi de 19o5 sont les protestants. Ceux-là même qui avaient été, au début du 20ème siècle, les plus fervents partisans de la laïcité. Dans un entretien au Monde (24 septembre 2oo2), Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, s’est prononcé pour une “nécessaire adaptation”. Il pointait déjà la difficulté posée par le financement des associations cultuelles. Et demandait qu’on prenne davantage en compte l’émergence de l’islam : “À l’approche du centenaire de la loi, il est temps d’abandonner les combats d’arrière-garde. Dans la tête du législateur de 19o5, quatre cultes étaient implicitement reconnus : le catholicisme, le judaïsme et les deux Églises protestantes, réformée et luthérienne.”

• Les musulmans. Sur ce sujet brûlant, ils adoptent un profil bas, se contentant de rappeler qu’ils acceptent le principe de la laïcité.

Tariq Ramadan, intellectuel et prédicateur influent auprès des jeunes musulmans, déclare qu’il a évolué : “Il y a cinq ans, je n’étais d’accord qu’à 99 % avec la laïcité à la française. Aujourd’hui, je pense que l’islam est tout à fait compatible avec la séparation.”

• Les francs-maçons. De ce côté, on est pour le moins réservé sur une éventuelle révision de la loi. Pour Alain Bauer, grand-maître du Grand Orient de France, “la franc-maçonnerie est d’autant plus attachée à la loi de 1905 que celle-ci en est un produit”. La loi n’est pas à réviser, selon lui, mais au contraire à compléter. “Terminer la loi de 1905”, ce serait aussi y intégrer les parties du territoire qui n’y sont pas encore soumises, comme l’Alsace-Moselle. “Toute révision de ce texte, assure-t-il, amènera une confrontation avec le camp laïque comme ce fut le cas lorsqu’on a agité l’éventualité de réviser la loi Falloux (datant de 1850, celle-ci plafonne le financement par les collectivités locales des dépenses d’investissement des établissements privés à 10 % des sommes engagées).” Le 16 janvier 1994, une manifestation avait rassemblé des centaines de milliers de personnes contre ce projet.

Autre voix maçonnique, celle du grand-maître de la Grande Loge de France, Michel Barat, qui juge que la “révision de la loi de 1905 serait une grave erreur”. Il est disposé, en revanche, à “des aménagements techniques”.

• Les mouvements laïques. Un esprit de modération souffle aussi à la Ligue de l’enseignement (LE), où l’on garde le souvenir de 1984, quand des rassemblements monstres pour la défense de l’école privée avaient fait échouer le projet socialiste d’un grand service public unifié de l’éducation. Si Jean-Michel Ducomte, président du “comité laïcité” de la LE, juge la remise en cause des deux premiers articles “impossible”, “une réécriture partielle ou des réaménagements adaptés à une société qui est devenue multiculturelle” lui semblent “tout à fait envisageables”. Mais il précise qu’une telle adaptation ne doit se faire que par la voie réglementaire, c’est-à-dire via le Conseil d’État. Il met, lui aussi, en garde contre toute réforme qui toucherait le “cœur du réacteur républicain”.

Le ton est plus virulent à la Libre Pensée. Pour Christian Eyschen, qui en est le secrétaire général, il n’est pas question de réviser la loi de 1905, ni de réinstituer “un concordat qui n’ose pas dire son nom”, mais, au contraire, d’en revenir aux dispositions originales, “notamment financières”, “abrogées par Vichy”, souligne-t-il. “Ou on abroge la loi de séparation, ou on en revient à sa stricte application.” “Si jack Lang n’avait pas financé la cathédrale d’Évry, les musulmans ne seraient pas fondés à dire aujourd’hui “pourquoi pas nous?””, note-t-il à titre d’exemple, en ajoutant qu’“on ne peut certes ignorer les religions. Mais connaître n’est pas subventionner”.

Le problème de l’exercice du culte musulman brouille les évidences des défenseurs de la laïcité. Ainsi, à la Ligue des droits de l’homme, on trouve le sujet propre à déclencher des réactions passionnelles. “Nous ne sommes pas favorables à la révision, même si, à la Ligue plus qu’ailleurs, dit son président, l’avocat Michel Toubiana, nous sommes sensibles aux discriminations que subissent les musulmans.”

Le Monde

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