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Document – Napoléon et le Concordat

16 juillet 1801

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Proclamation [à propos du Concordat] :

Paris, le 27 germinal an X (17 avril 1802)

Le concordat signé le 15 juillet 1801, avait été célébré par un Te Deum à Notre-Dame, le 9 avril 1802.

Français, du sein d’une révolution inspirée par l’amour de la patrie, éclatèrent tout à coup, au milieu de vous, des dissensions religieuses, qui devinrent le fléau de vos familles, l’aliment des factions et l’espoir de vos ennemis.

Une politique insensée tenta de les étouffer sous les débris des autels, sous les ruines de la religion même. À sa voix, cessèrent ces pieuses solennités où les citoyens s’appelaient du doux nom de frères, et se reconnaissaient tous égaux sous la main du Dieu qui les avait créés ; le mourant, seul avec la douleur, n’entendit plus cette voix consolante qui appelle les chrétiens à une meilleure vie ; et Dieu même sembla exilé de la nature…

Le chef de l’Église a pesé dans sa sagesse et dans l’intérêt de l’Église les propositions que l’intérêt de l’État avait dictées ; sa voix s’est fait entendre aux pasteurs ; ce qu’il approuve, le Gouvernement l’a consenti, et les législateurs en ont fait une loi de la République.

Ainsi disparaissent tous les éléments de discorde ; ainsi s’évanouissent tous les scrupules qui pouvaient alarmer les consciences et tous les obstacles que la malveillance pouvait opposer au retour de la paix intérieure.

Ministres d’une religion de paix, que l’oubli le plus profond couvre vos dissensions, vos malheurs et vos fautes ; que cette religion qui vous unit, vous attache tous par les même nœuds, par des nœuds indissolubles, aux intérêts de la patrie.

Déployez pour elle tout ce que votre ministère vous donne de force et d’ascendant sur les esprits ; que vos leçons et vos exemples forment les jeunes citoyens à l’amour de nos institutions, au respect et à l’attachement pour les autorités tutélaires qui ont été créées pour les protéger ; qu’ils apprennent de vous que le Dieu de la paix est aussi le Dieu des armées, et qu’il combat avec ceux qui défendent l’indépendance et la liberté de la France.

Citoyens qui professez les religions protestantes, la loi a également étendu sur vous sa sollicitude. Que cette morale, commune à tous les chrétiens, cette morale si sainte, si pure, si fraternelle, les unisse tous dans le même amour pour la patrie, dans le même respect pour ses lois, dans la même affection pour tous les membres de la grande famille.

Que jamais des combats de doctrine n’altèrent ces sentiments que la religion inspire et commande.

Français, soyons tous unis pour le bonheur de la patrie et pour le bonheur de l’humanité ; que cette religion, qui a civilisé l’Europe, soit encore le lien qui en rapproche les habitants, et que les vertus qu’elle exige soient toujours associées aux lumières qui nous éclairent.

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La religion et l’ordre social :

Quant à moi, je ne vois pas dans la religion le mystère de l’incarnation, mais le mystère de l’ordre social ; elle rattache au ciel une idée d’égalité qui empêche que le riche ne soit massacré par le pauvre.

La religion est encore une sorte d’inoculation ou de vaccine qui, en satisfaisant notre amour du merveilleux, nous garantit des charlatans et des sorciers ; les prêtres valent mieux que les Cagliostro, les Kant et tous les rêveurs de l’Allemagne.

Comment avoir de l’ordre dans un État sans une religion ? La société ne peut exister sans l’inégalité des fortunes, et l’inégalité des fortunes ne peut subsister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d’un autre qui regorge, il lui est impossible d’accéder à cette différence s’il n’y a pas là une autorité qui lui dise : “Dieu le veut ainsi ; il faut qu’il y ait des pauvres et des riches dans le monde ; mais ensuite, et pendant l’éternité, le partage se fera autrement.”

Conseil d’État, 1800

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Le gouvernement et les prêtres :

Les politiques en général pensent qu’il faut laisser les prêtres de côté, ne pas s’occuper d’eux quand ils sont tranquilles, et les arrêter quand ils sont perturbateurs. C’est comme si l’on disait : Voilà des hommes avec des torches allumées autour de votre maison ; laissez-les ; s’ils y mettent le feu, vous les arrêterez.

Voyez l’insolence des prêtres, qui, dans le partage de l’autorité avec ce qu’ils appellent le pouvoir temporel, se réservent l’action sur l’intelligence, sur la partie noble de l’homme, et prétendent me réduire à n’avoir d’action que sur les corps. Ils gardent l’âme et me jettent le cadavre.

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De Sainte-Hélène :

“Je voulais d’ailleurs établir une liberté universelle de conscience. Mon système était qu’il n’y eût pas de religion prédominante, mais de laisser une parfaite liberté de conscience et de pensée, de rendre tous les hommes égaux, protestants, catholiques, mahométans, déistes ou autres, de manière que leur religion n’eût aucune influence pour leur faire obtenir des emplois du gouvernement ; enfin qu’elle ne pût contribuer à les faire accueillir ou repousser, et que, pour donner un emploi à un homme, on ne pût faire aucune objection fondée sur sa croyance, pourvu qu’il fût capable sous d’autres rapports. Je rendis tout indépendant de la religion. Tous les tribunaux le furent également. Les mariages étaient indépendants des prêtres ; les cimetières même ne furent plus laissés à leur disposition, car ils ne pouvaient refuser d’enterrer personne, de quelque religion qu’on fût. Mon intention était de rendre tout ce qui appartenait à l’État et à la constitution, purement civil, sans égard à aucune religion. Je voulais ôter aux prêtres toute influence et tout pouvoir dans les affaires civiles, et les obliger à s’en tenir aux matières spirituelles, sans se mêler d’autre chose.”

O’Meara, Napoléon en exil, 2 novembre 1816

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Avertissement :

Nous vous rappelons que nous vivons en pays occupé :

"Les murs ont des oreilles...".